dimanche 1 mai 2011

C'mon, LOW, Sub Pop, Avril 2011 (Par Gagoun)



       Low, comme le bon vin, se bonifie avec le temps. Et c'est peu de le dire... mieux vaut l'écouter. Low, comme son nom l'indique ne fait pas dans le grindcore, ni dans le ska pouêt pouêt. Low prend son temps, à pas feutrés, pour nous proposer un rock sombre, épuré que les étiqueteurs qualifieront joyeusement de sadcore ou slowcore lorsqu'ils feront leur apparition avec des groupes comme Codeine dans les années 90. C'est pour vous situer l'ambiance youpi youplaboum tagada tsoin tsoin! Ceci étant le groupe a toujours su se faire discret à l'image de sa musique, tout en faisant son bonhomme de chemin, respecté comme il se doit dans le monde de l'indie. Low c'est un petit peu le groupe que l'on se garde bien au chaud pour soi, que l'on ressort chaque hiver pendant les soirées solitaires.

       C'est donc avec impatience que des p'tits gars comme moi (ou des p'tites demoiselles d'ailleurs) attendaient la petite perle à la veille de ce printemps. Et elle nous est finalement arrivée, en ce mois d'avril, par l'intermédiaire du célèbre label Sub Pop. Et là ô surprise : ce disque est une petite merveille de pop rock lente et majestueuse, noire mais lumineuse par certains aspects. Je m'explique : jamais auparavant Low ne nous avait proposé une oeuvre aussi précieuse, fragile. L'épure brute et opaque passée laisse place à une lumière, une espérance quasi mystique pour ne pas dire divine. On pense alors à un Josh T. Pearson électrisé dans l'intention. Car ici tout est fait pour nous plonger dans cette ambiance, des choeurs de Mimi Parker à la solennité du chant d'Alan Sparkhaw en passant par la réverbération naturelle de l'église de Dulluth (Minnesota) dans laquelle les morceaux ont été enregistrés. Ces morceaux constituent donc autant de petits bijoux à travers lesquels l'instrumentation se fait riche et ce même si la sobriété et la noirceur caractéristiques du groupe sont toujours bien présentes. Il faut dire que, pour cet album, le groupe a fait appel à des joueurs de banjo, de lap steel ainsi qu'à une violoniste.

       Le résultat est donc superbe. Les chansons pop s’enchaînent aux ballades folk avec grâce. On se souviendra par exemple de l'ouverture ''Try To Sleep" et de l'émouvant "Especially Me" chantée" par la batteuse en chef, Mimi Parker. On se souviendra aussi de cette émotion contenue qui traverse l'album jusqu'à exploser sur ce qui restera sans doute le sommet de leur oeuvre : "Nothing But Heart" et son final totalement jouissif tout en canon et en guitares hurlantes sur une rythmique simple et diablement efficace.

       A n'en pas douter, Low nous livre son album le plus réussi, le plus beau et le plus touchant et dieu sait si le groupe possède déjà une discographie de qualité. M'est avis que cette galette aura largement sa place sur le podium des habituels classements de fin d'année concoctés par nos magazines et autres webzines préférés. A écouter au coin du feu, un bol de grog à la main et une couverture polaire sur soir (non non ce n'est pas cliché du tout...). Ô Majesty! Ô Magic!

Gagoun

C'mon en trois mots : majestueux, sobre, beau


Si vous aimez cet album, vous aimerez peut-être : 

  • I Could Live In Hope, LOW, Vernon Yard, 1994 : premier album du groupe, l'un des plus épurés et les plus bruts, à conseiller aux amateurs du genre.

  • Trust, LOW, Kranky, 2002 : très bel album que celui-ci. Toujours épuré et sombre, le groupe nous propose quelques variations à travers l'apparition de guitares acoustiques ou des morceaux plus enlevés (attention, tout est relatif...).

  • The White Birch, CODEINE, Sub Pop, 1994 : deuxième et dernier album du groupe précurseur de cette mouvance dite slowcore. Noir, noir, noir et noir...

  • C, REX, Southern Records, 1996 : toujours dans la même veine et pourtant moins connu que ces prédécesseurs, Rex est pourtant un groupe passionnant, très inventif et qui a su sortir un des meilleurs albums du genre, entre ballades acoustiques, violons enivrants et mélodies que n'auraient pas renié Slint. Le groupe sait aussi se lâcher sur des moments très électriques et ça, ça fait du bien. A noter la présence du batteur de June of 44 qui sait mettre intelligemment son instrument en avant ce qui est rare dans ce type de musique (le fait de mettre la batterie en avant j'entends...).

  • Elephant Shoe, ARAB STRAP, Go Beat, 1999 : duo écossais composé de Malcolm Middleton et Aidan Moffat. La voix profonde de ce dernier atteint ici des sommets sur une musique on ne peut plus dépouillée constituée de guitares lancinantes, sèches, de pianos discrets et de boites à rythmes épuisées aux allures de fin du monde. Superbe album! Superbe groupe!

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