samedi 1 octobre 2011

The Year of Hibernation, YOUTH LAGOON, Fat Possum, Septembre 2011 (Par Gagoun)



       Quand on sait que le Sieur qui se cache derrière Youth Lagoon, à savoir un p'tit jeune répondant au doux nom de Trevor William Powers, vient de l'Idaho, la région où il fait bon être mélancolique, où spleen rime avec montagnes enneigées, lacs gelés et grands espaces, on ne peut s'étonner d'une telle musique. Une pop légère et fragile que Jeff Martin n'aurait pas reniée. Des perles en cascade comme autant d'hymnes à la mélancolie, à la beauté et à la mélodie simples, de celles qui vont droit au cœur, sans détours, sans fioritures et qui vous restent dans la tête des heures durant.

       Youth Lagoon c'est un petit miracle venu de nulle part, un p'tit gars solitaire, au spleen persistant, qui s'est mis à faire de la musique tout seul chez lui avec ses claviers, guitares et quelques boucles electro. Vous avez sûrement déjà entendu cette histoire, c'est aussi celle d'un certain Justin Vernon, alias Bon Iver ou encore de Peter Silberman évoluant au sein de The Antlers. De nos jours beaucoup d'artistes utilisent la méthode "Do It Yourself" pour se constituer un petit cocon et ainsi composer, enregistrer avec une liberté de ton indéniable et cracher à la face du monde, leur détresse, leur déprime. En ressortent alors quelques OVNI qui arrivent jusqu'à nos oreilles pour ne plus les lâcher. Pour Youth Lagoon, c'est bandcamp qui a fait office de moyen de communication. Distillant ces petits bijoux comme des miettes de pain durant tout cet été 2011 sur son site, l'auteur s'est fait une réputation grandissante par le bouche à oreille. Puis c'est la signature sur Fat Possum, label indé à tendance blues/rock qui a pourtant fait les yeux doux à ce petit prodige de la pop.

       Le résultat est à la hauteur des attentes suscitées l'été dernier. Il s'appelle The Year of hibernation, comme un hommage à la région qui l'inspire et cette autarcie créative dans laquelle il s'est plongé. C'est bien simple, les huit morceaux qui composent cet album finement ciselé sont tous plus beaux les uns que les autres. Difficile d'en sortir un du lot. Peut être serez-vous touchés par l'entrée rêveuse de Posters, la tubesque et presque dansante "Daydream" ou encore les deux sommets d'émotion que constituent "July" et "Montana". Peut être tomberez-vous amoureux de "The Hunt", conclusion élégante qui clôt l'album comme il l'a commencé, comme dans un songe... Au final cette œuvre est vraiment touchante, elle possède la grâce d'une douleur innocente, de mélodies dépourvues de toute complexité. Son immédiateté, sa sincérité ne sont pas sans rappeler le fabuleux "Hospice" de The Antlers. Cette voix haut perchée, fragile et légèrement en retrait, ces ritournelles magnifiques, ces mélodies pleines d'espoir qui font souvent les plus beaux albums mélancoliques...

       C'est l'histoire, donc, d'un p'tit gars qui nous livre ici un album magnifique, intime, léger et douloureux à la fois. C'est l'histoire d'un p'tit gars qui, espérons le, va grandir, grandir encore et nous prouver que, malgré le spleen qu'il suscite et qui existe finalement en chacun de nous, l'espoir existe, l'avenir aussi.

Gagoun

The Year of Hibernation en trois mots : beau, mélancolique, fragile


Si vous aimez cet album, vous aimerez peut-être : 

  • Hospice, THE ANTLERS, French Kiss Records, 2009 : Comme évoqué ci-dessus, beaucoup de similitudes entre ces deux albums. On ne parle pas ici de plagiat mais bien de ce que ces œuvres sont capables de susciter en terme d'émotion. A cet égard le troisième album (et un concept/album s'il vous plaît) de ce groupe américain à la sensibilité à fleur de peau est un véritable chef d’œuvre justement. Si la trame n'est pas très gaie puisque elle parle de l'expérience de vivre aux côté d'un proche à l’hôpital, sa musique regorge de très belles choses, entre folk, pop et indie rock très inspiré. L'album qu'aurait espéré faire un jour Arcade Fire?

  • Logos, ATLAS SOUND, 4AD, 2009 : Atlas Sound c'est Bradford Cox, songwriter génial de Deerhunter et donc en solo. Bricolage à la maison, sons distordus, folk décharnée, pop/rock étrange, electro bancale, un petit génie de ce nouveau siècle, incontestablement. Un sens de la mélodie captivant, un être brillant et mystérieux à la fois... Les amis sortez vos oreilles, son prochain album sort dans deux mois.

  • We Are Rising, SON LUX, Anticon, 2011 : Ryan Lott alias Son Lux nous a concocté, pour son deuxième album, un mélange précieux et subtil entre machines, cordes, guitares boisées et piano. Un résultat pop enchanteur qui fait de cet album, l'une des meilleures sorties de l'année en cours. Superbe!

  • The Age of Adz, SUFJAN STEVENS, Asthmatic Kitty, 2010 : Ici nous sommes loin du home studio solitaire de Youth Lagoon mais le déjà grand Sufjan nous montre sur son dernier album comment, avec du génie, des machines, un orchestre de poche et des guitares, on peut livrer un des meilleurs albums de pop des dix dernières années. Exit la légèreté, le versant grandiloquent d'un Youth Lagoon en quelque sorte...

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