jeudi 1 décembre 2011

If Then Not When, KING'S DAUGHTERS & SONS, Chemikal Underground, novembre 2011 (Par Gagoun)



       Ça, c'est ce que l'on appelle un vrai coup de cœur. Alors que je m’apprêtais à vous faire partager mon amour immodéré pour Atlas Sound et son dernier album, voilà que Riton me fait part de sa curiosité à propos d'un tout nouveau groupe venant de sortir son premier album (cela va de soit...) : King's Daughters & Sons. Tout un programme. Si je vous écris ceci, c'est parce que, et vous vous en doutez bien, ce groupe sera l'objet de ma chronique et donc par extension, que leur album m'a énormément plu.

       King's Daughters & Sons, c'est d'abord une espèce de supergroupe avec des gens quasiment inconnus mais pas dénués de talent pour autant, ni d'envie. On y retrouve entre autres le batteur de Shipping News, Kyle Crabtree, ou encore Rachel Grimes, œuvrant tout aussi bien en solo qu'avec les Grim's ou Shannon Wright. Et enfin au mastering, monsieur Bob Weston en personne s'il vous plaît, le tiers de Shellac, aussi furieux et intransigeant que son acolyte Steve Albini quand il s'agit de s'attaquer au son.

       Au total, deux guitares, trois voix, une batterie, une basse et un clavier, rien de très original à priori mais un résultat surprenant et détonnant que ce If Then not when. La somme des influences de ces musiciens dans leurs projets respectifs rend cet album unique. Post-rock, Folk rock, Slowcore (aaaah les étiquettes!), on retrouve plein de choses dans cette œuvre, des passages instrumentaux en montagnes russes héritées du Post-rock ("A Storm Kept Them Away") à de magnifiques ballades rappelant tout aussi bien la classe des plus grands (Bob Dylan sur "Dead Letter Office" , Leonard Cohen, Bill Callahan ou encore Aidan Moffat d'Arab Strap, le groupe étant d'ailleurs signé sur leur label Chemikal Underground, tiens, tiens...) en passant par une fragilité émotionnelle tout droit venue de Low ("Open Sky"). On notera également les moments magiques que constituent l’entraînante "The Anniversary" et son final tout en puissance ainsi que l'acoustique "Lorelei", magnifique dans sa retenue, sa sobriété et ses petits détails que l'on découvre à chaque nouvelle écoute.

       Il est de ces albums sortis de nulle part, au bon moment et qui vous apparaissent de suite évidents. Comme de coutume avec Bob Weston, le son est lourd, rend ces guitares entrelacées, rêches avec toutes leurs aspérités, leurs dissonances et leur moments de grâce. La distorsion y est presque naturelle à force de gratter les cordes avec rage. La basse, qui apporte une tension permanente à l'ensemble, vrombit (faut dire que le monsieur s'y connait en matière de basse méchante en mode « je sors tout droit des entrailles de la terre et je vous emmerde ! »). De la même manière la batterie est lourde mais puissante tandis que le piano se veut souvent à fleur de peau, parfois planant, toujours touchant. Sur le fil, entre puissance, classe et fragilité, If Then not when est un album absolument magique, qui s'impose à nous comme l'hiver au mois de novembre. Ces "spectral murder ballads, from Kentucky", comme aime à les qualifier le magazine Uncut, sont juste somptueuses et viennent hanter nos esprits en cette période un peu froide, voire glaciale. Merci à elles.

Gagoun

If Then Not When en trois mots : classe, habité, unique


Si vous aimez cet album, vous aimerez peut-être :

  • The Great Destroyer, LOW, Sub Pop, 2005 : Low, dont le dernier album a été chroniqué ici même au mois d'avril 2011, est un monument de l'indie rock. La lourdeur, le minimalisme tout en fragilité dont il font preuve depuis le début de leur longue carrière est ici quelque peu nuancée par des ambiances plus chaudes et variées, des guitares acoustiques et un duo Alan Sparhawk/Mimi Parker toujours au top. A l'instar du trio Rachel Grimes/Joe Manning/Michael Heineman de King's Daughters & Sons?

  • 5 : 14 Fluoxytine Seagull Alcohol John Nicotine, MALCOLM MIDDLETON, 2002 : Le premier album de l'autre moitié d'Arab Strab est une petite merveille de folk/rock. Il confirme son talent de compositeur et prouve qu'il est aussi un excellent songwriter à travers cette œuvre intimiste, parfois surprenante mais dans tous les cas, singulière.

  • Offshore, EARLY DAY MINERS, Secretly Canadian, 2006 : depuis onze ans maintenant, les américains d'Early Day Miners font leur petit bonhomme de chemin en toute discrétion, en distillant une musique slowcore/post-rock sur laquelle la voix de Dan Burton vient se poser. Sur cet album, il partage le chant avec une demoiselle, Amber Webber et propose avec ses acolytes, six mouvements dérivés du morceau « Offshore », extrait de leur album de 2002, alternant ambiances éthérées, moments de bravoure et folk fragile. Un très bon cru!

2 commentaires:

  1. wow quel blog.
    mercithankyoubeaucoup
    K.

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  2. Ton enthousiasme nous va droit au coeur très chèr(e) K. Tu peux même nous suivre sur facebook depuis... hier! Merveilleuse technologie!

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