samedi 1 décembre 2012

Résonances, LUMINOCOLOR, Laybell, Novembre 2012 (Par Riton)



       Mea culpa messieurs! Moi qui au soir du 29 avril 2010, au Grand Mix de Tourcoing, ne vous accordait que très peu de crédit face à un spectacle ambient, jazzy, trop exigeant peut-être, pour une première partie d'Efterklang (et avant Heather Woods Broderick)... l'appel du bar et le non-respect du méconnu pour un spectateur plus enclin à apprécier la pop grandiose des danois, exceptionnellement aussi hermétique qu'une boite en plastique de chez Tupperware, aussi fermé que votre musique est ouverte... Mais cette fois-ci comme à l'écoute du premier album (qui pourtant en se référant à Jim O'Rourke avait largement de quoi me plaire), l'impression de flottement aride gagnait ma réticence. On dit souvent que la première impression est la bonne mais il faut également savoir laisser sa chance une seconde fois.

       Discret et qualitatif, le collectif Laybell passe la deuxième cette année avec, entre l'electronica abstraite et sublimée des Two Left Ears et la folie noise-punk des Shiko Shiko (à paraître le mois prochain), ce nouvel album des Luminocolor, signant ainsi la neuvième sortie de son catalogue. Un grand coup dans la fourmilière de la part du duo Benoît Farine-Olivier Minne, qui semble aujourd'hui avoir pris le temps de peaufiner son univers, au croisement d'un naturalisme diffus, porté par les créations visuelles d'un certain Korby (artwork + clips + vidéos live), et de soubresauts post-technologiques.

       A l'image de cette boulette de papier (''Guapo''), arrachée au gré des vents et des eaux de son environnement d'accueil (pas bien urbain certes...), l'assemblage de glitchs mutins côtoie les field recordings, les programmations électroniques minutieuses baignent au milieu d'amas organiques de voix, d'instrumentations jazzy aériennes. Le saxophone virtuose et bavard s'époumone au fil de ce voyage jalonné de petites niches douillettes au fin fond de ces forets équatoriales immenses, construites ça et là pour ponctuer d'intenses moments chorégraphiques.

       Parmi la faune, une ribambelle de musiciens invités, amis (pour la plupart de la scène lilloise) énumérés un à un dans un respect remarquable, rappelant ainsi justement le sens accordé au mot ''collectif'' et cette volonté manifeste de ne pas faire les choses dans son coin : notons le disque Remixes & Collaboration sorti en 2011, des aller-retours constants au sein de Shiko Shiko et la participation récente au deuxième volume des Farfi(z)a Sessions, compilation ''100 % NPDC'' imaginée par le Noize Maker, dans lequel les groupes jouent leurs morceaux sur un orgue Farfisa des années 70. Respect également accordé avec un soin aux allures scientifiques dans la citation (''Musiques du Burundi'', ''Musiques du Vietnam''...), jusque dans le bel hommage donné au musicien éthiopien Getatchew Mekuria (''Tezeta'').

       Des lumières, des couleurs, un bol d'air frais et les résonances d'un monde plus beau qu'il n'y paraît... On dit souvent que la première impression est la bonne oui, mais on dit aussi qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Heureusement j'ai grandi et vous davantage ! Encore un peu et je ratais quelque chose de grand!

Riton

Résonances en trois mots : exotique, minutieux, lumineux

En écoute et téléchargement gratuit : http://luminocolor.bandcamp.com/album/r-sonances

Si vous aimez cet album, vous aimerez peut-être :

  • Luminocolor, LUMINOCOLOR, Pilotti, 2008Les débuts discographiques de Luminocolor, plus expérimentaux et sombre que Résonances, mais pas moins extrêmement intéressants (et comme tous leurs disques, en téléchargement ici).

  • Lost and Safe, THE BOOKS, Tomlab, 2005 : Si Nick Zammuto et Paul De Jong ont à mon plus grand regret tourné la page de The Books, leur bibliothèque ne risque pas pour autant de prendre la poussière de si tôt, tant elle est inventive, fouillée, drôle, belle, bricolée et j'en passe, faite de brics, de brocs, de glitchs, de samples en tout genre... sans négliger à aucun moment les belles mélodies folk...

  • We Know About the NeedBRACKEN, Anticon, 2007 / Wolves And Wishes, DOSH, Anticon, 2008 : Petite sélection Anticon de circonstance ! Bracken, c'est le projet solo de Chris Adams de Hood. We Know About the Need est jusqu'à maintenant son seul album, sorte d'extension de la facette urbaine et électronique du post-rock de Hood (rappelons notamment la participation de Doseone à l'excellent Cold House), en tout aussi contemplatif. De son coté, Martin Chavez Dosh, alias Dosh, triture en solo et avec talent la batterie, les claviers et surtout tout ce qui lui passe sous la main pour un résultat (brillant sur cet album) entre bidouillages folk et electro.

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