Oksastus et Apex Ideals :
un ultime et un premier album... pas vraiment ma p'tite dame! Live
posthume pour Pan Sonic... rappelons à ceux qui comme moi auraient cru l'espace
d'une seconde à la réformation, que le véritable dernier album du duo
finlandais est bien l'excellent Gravitoni (2010). Premier vrai long format pour
Hobo Cubes, après un certain nombre de splits (Panabrite, Lee Noble, Derek
Rogers pour les plus connus...) de cassettes, de CD-R et de sorties en tout
genres chez divers labels notables (le sien, Hobo Cult, mais aussi Opal Tapes,
Orange Milk, NNA Tapes, Constellation Tatsu, Digitalis...).
Pan
Sonic n'est plus et Hobo Cubes était déjà. Un constat suffisamment confus pour
illustrer le climat... celui de deux disques littéralement physiques. Les
introductions sont massives, puissantes. Mika Vaino et Ilpo Vaisanen mettent
leur public à l'épreuve sous les synthés distordus pendant que Francesco De
Gallo souhaite la bienvenue par un déluge de beats contondants. L'angoisse
prend dans les deux sens, la peur de suffoquer grandit... seulement il va
falloir tenir... jusqu’à la dernière seconde. Chacun à leur manière ces disques
nous forcent lentement à côtoyer le
malaise.
Climat
de guerre froide en avance à Kiev lors de ce show de Pan Sonic enregistré en
2009! La violence du spectacle semble tout à fait glaciale, rugueuse et
minimale. On imagine aisément l’audience immobile, pétrifiée et captivée par ce
groupe dingue qui ne s’embarrasse peu de détails : murs de sons, larsens,
bruits blancs associés rigoureusement aux rythmiques de l’indus… carrés jusque dans
les titres, reprenant simplement leur durée d’exécution. On imagine très bien
aussi l’austérité d’interaction entre la scène et la fosse, comme le laisse
suggérer le mixage (aucun applaudissement, aucune réaction, la musique
uniquement…). On sait très bien depuis le départ que Pan Sonic n’est pas là pour
nous soigner mais plutôt pour nous prendre en otage pendant de longues minutes,
surtout depuis les ''234:48:4'' de Kesto
en 2004 (à côté la petite d’Oksastus
pourrait presque paraitre facile… il arrive néanmoins à rendre un long trajet
en bus après avoir mangé un chili encore bien plus inconfortable), mais aussi
depuis leur annonce de rupture anéantissant alors tout espoir de les (re)voir un
jour.
Pour Hobo Cubes la suite est
nettement plus légère. La brutalité initiale est délogée par les fracas de la
pluie, de la faune et des échos caverneux (''Fluidity''). Les
rythmiques rampantes donnent un aspect psyché, mystique, prolongé par une série
de percussions tribales (''Infatuation''). Progressivement cette
nature quelque peu dérangeante verse dans des sonorités plus ambient et
aériennes, encore secouée par instants… elle inquiète, tétanise et embrume…
Deux orfèvreries
anxiogènes! Oksastus, nouvelle célébration du décès de Pan Sonic, et Apex
Ideals, signature d’un renouveau, découverte du sommet, pour Hobo Cubes !
A couper le souffle, liquéfier les oreilles et stopper l’encre!
Riton
Oksastus en trois mots : massif, rigoureux, anxiogène
Si vous aimez ces albums, vous aimerez peut-être :
•
Katodivaihe/Cathodephase,
PAN SONIC, Black First Petite, 2007 / Gravitoni,
PAN SONIC, Black First Petite, 2010 : Deux
bons gros bifteak de Pan Sonic! A l’image de ‘’Leikkuri’’ ou de « Tugboat » sur Katodivaihe/Cathodephase ou de
« Corona », introduction sur Gravitoni,
le duo se montre complétement massif et dévastateur, sans négliger la nuance et
la texture, il se fait parfois ambient quand il n’est pas furieux… mais pas
sensible pour un sou, n’exagérons rien!
•
Kilo, MIKA VAINO, Black First
Petite, 2013 : Kilo,
c’est du lourd ! Après avoir fait cette blague on ne peut décemment plus
vraiment dire grand-chose… à part que des dernières sorties du musicien c’est
probablement celle qui se rapproche le plus du travail de Pan Sonic. Mention
tout de même au Konstellaatio de début d’année, de son projet Ø, au Through A Pre-Memory d’ÄÄNIPÄÄ avec Stephen O’Malley de Sunn O))) ) mais
aussi et surtout le fracassant, sombre et pervers Monstrance sorti en fin d’année dernière aux
cotés de Joachim Nordwall.
•
Strangers, HOBO CUBES, Hobo Cult, ????
/ Evolution of A Time Delayed, HOBO
CUBES, Hobo Cult, 2014 : Qu’on se le dise, Apex
Ideals élève Hobo Cubes au cran du dessus au point qu’il est difficile de le
comparer avec le reste de sa discographie… néanmoins ces deux albums sortent
réellement du lot, Evolution of A Time
Delayed notamment, probablement le plus beau des albums pré-Apex Ideals… un
ambient mélancolique à l’aura bleutée, sauvage et paisible à la fois, en 24
phases aussi courtes qu’intéressantes.