jeudi 21 août 2014

Jamais deux sans trois / Juin 2014


Pélieu, LUFDBF, Autoproduction



Six Pélieu sous terre : les beaux mots de l'auteur vont si bien au duo...



Taramae, MELODIUM, Autoproduction



Dans les songes électroniques de Laurent Girard, on ne regarde plus le renard passer...



Through The Looking-Glass, Phantom Orchard Ensemble, Tzadik



Contes gothiques pour grands enfants perturbés...


mardi 5 août 2014

Want, WRECK AND REFERENCE, Flenser / Gamel, OOIOO, Thrill Jockey / Juin 2014




       Bienvenue dans ma contradiction! Coincé entre le j'en-foutisme sportif et l'élan patriotique, entre l'agressivité et les envies festives, voilà comment j'occupais mon mois de juin. « Allez la France!! ». « Pendant ce temps là le pire des drames au monde n'a plus le droit à l'écran! ». Danser, chanter, ou tout envoyer chier ?... les couleurs de OOIOO ou le metal hors-normes de Wreck & Reference ?... Désolé mais ma cohérence montre enfin ses limites!

       Bien efficace justement ce Want pour qui veut se frotter les oreilles au verre pilé ! Violent mais surtout, avec Mamaleek, Botanist (tous deux également chez Flenser), Terra Tenebrosa, Locrian, Horseback, le catalogue de Throatruiner, et j'en passe parmi ce qui se fait de plus excitant en terme de musiques extrêmes aujourd'hui. Visqueux, malsain et inconfortable atypisme dans lequel nous plonge Ignat Frege et Felix Skinner... le liquide sombre et hostile du bain de No Youth (2012) a eu le temps de bien macérer. Tout était déjà très bon, même excellent, et le temps et les douches n'auront pas eu raison du son particulier imprégné jusqu'aux os. A peine remis de la trêve de deux ans qu'un coup sec derrière la nuque, sans crescendo introductif, nous envoie faire un tour au musée du cadavre. L'odeur couplée aux conditions estivales incommode.

       Peut-être l'écoute du dernier OOIOO, Gamel, est plus appropriée. Au souvenir du passé les polyrythmies endiablées du groupe de l'ex-batteuse des Boredoms Yoshimi P-We, le tropi-kraut aux chœurs déchaînés du -moins froid que son nom- Taïga, les fantaisies rêveuses et perchées de Gold & Green, ou bien le math-noise tribal d'Armonico Hewa , semblent de suite bien plus de saison. Gamel, en référence non pas à l'écuelle du chien mais aux ensembles instrumentaux de Bali et Java. Et pourtant du chien, cet album en a ! Un peu de bonheur dans la joie, les sens en aboie, métallophones et percussions imposent le climat de fête. On imagine clairement tout sourire le melting pot de chorégraphies traditionnelles et d'extravagances contemporaines. Les jams ethno-bruitistes de la rencontre assomment littéralement.

       Du côté de Wreck And Reference, la rage se calme un peu en compagnie du piano (''Apollo Beneath The Whip'') et se mue progressivement en mélancolie. De la violence le duo fait mine de s'engouffrer dans un post-metal savoureusement désespéré (un ''Bankrupt'' rappelant Isis) pour masquer une fois de plus sa singularité de duo improbable sans basse ni guitare... usant en réalité hors-conventions de ficelles allant du black à l'indus en passant par le doom et le noise-rock. Beaucoup pour une simple config' batterie-synthé mais le résultat est si remarquable, capable de prendre aux tripes après les avoir réduites en bouilli de terreur. Sous couvert d'être moins massif sur le papier que la moyenne, les américains s'efforcent de remplir l'espace en redoublant d'une intensité qu'ils nous font boire au verre.

       L'intensité n'est pas non plus en reste avec Gamel. Une régularité impressionnante au service d'une atmosphère des plus religieuses... prisonniers de l'écoute, les japonais nous apportent la transe mystique sur un plateau d'argent... et la véritable essence d'OOIOO, moins pour alimenter les jambes, les bras et le bassin, que ce qui doit finalement signifier cet amour des oiseaux sur (comme ici) un grand nombre de leurs pochettes : élever l'esprit.

       Les changements d'humeur et le lunatisme musicale ont vraisemblablement leur utilité! Voici deux albums qui dans ma discothèque de 2014 auront une place de millésime pour l'un, et d'objet sacré pour l'autre.

Riton

Want en trois mots : intense, désespéré, singulier

Gamel en trois mots : intense, mystique, ensoleillé

Écouter Want sur bandcamp : http://theflenser.bandcamp.com/album/want

Écouter un extrait de Gamel : https://soundcloud.com/thrilljockey/ooioo-atatawa

Si vous aimez ces albums vous aimerez peut-être :

  • No Youth, WRECK AND REFERENCE, Flenser, 2012 : Totalement épique et (sur)prenant, à mi-chemin entre noise, black et ambient, ce premier album du duo américain ! En plus de montrer qu'il n'y a pas besoin de trois guitares 7 cordes quand on fait du metal pour en mettre plein la tronche dans les moments les plus énervés...

  • KurdaitchaMAMALEEK, Enemies List Home Recordings, 2011 : Du black metal lo-fi sur le label de Giles Corey, cela ne peut-être que génial. Et en effet, un mélange de rage et de désespoir plutôt grandiose. Pas étonnant de voir le groupe débarquer sur Flenser pour son nouvel album en juillet.

  • Taïga, OOIOO, Thrill Jockey, 2006Tous les albums sont bons, ou presque, mais celui-ci est particulièrement excellent, et dans bien des points, notamment dans le mysticisme et l'utilisation des instruments (les tropiques en plus), proche de Gamel.